Décès de Chen Zhongshi

Le romancier Chen Zhongshi est décédé ce matin à Xi'An vers 7h40. Il était gravement malade depuis plusieurs mois. Je présente mes condoléances à sa famille et à son entourage.

Il est l'auteur d'Au Pays du Cerf Blanc, magistral roman qui reçut le prix Mao Dun, et qui a été adapté en bande dessinée par Li Zhiwu. Le roman est paru au Seuil et la bande dessinée aux éditions de la Cerise. J'avais rencontré ce grand fumeur de cigares pour un dîner à Xi'An le 1er octobre 2013.

Tigre et Dragon

Tigre et Dragon au temple de Tin Hau à Hong Kong.

Le Dragon, jeune Yang, s'élève de la Vallée vers le haut de la Montagne. Le Tigre, jeune Yin, descend de la Montagne dans la Vallée.


Poster de Dai Dunbang

Poster de Dai Dunbang aux Éditions de la Cerise :
http://www.editionsdelacerise.com/spip.php?page=catalogue&vue=exlibris#menu

Bonsais au Wuxianguan

Bonsais au temple des 5 génies (wuxianguan) à Canton.




La Main et les 5 éléments

Cinq techniques de main fondamentales :
- Terre (la paume)
- Métal (le tranchant)
- Eau (la pique)
- Bois (la saisie, ou griffe)
- Feu (le poing, ou frappe du talon de la main)


Un petit éducatif issu d'une recherche personnelle, basé sur les 5 éléments présentés dans l'ordre du cycle courant en Chine : Métal, Bois, Eau, Feu, Terre.

Soit un peu Yin (Shao Yin : Métal), un peu Yang (Shao Yang : Bois), très Yin (Tai Yin : Eau), très Yang (Tai Yang : Feu), et retour au Centre (Zhong : Terre).

Cet éducatif permet de mettre en place les correspondances avec les intentions, les sons, les animaux, les couleurs, les saisons, les organes, etc.

Confucius, par Edouard Chavannes



Une petite note de lecture sur un article d’Edouard Chavannes paru en 1903 dans la revue de Paris :

Confucius historien
Le seul ouvrage dont il soit sûrement l’auteur est une chronique de la principauté de Lou, sa patrie, entre l’an 722 et l’an 481 av. J.C. Confucius est le véritable père de l’histoire en Chine. Il ne fut historien que parce qu’il se proposait d’être l’instituteur des rois. Il n’écrivit sa chronique que dans sa vieillesse, lorsqu’il eut reconnu l’inutilité de ses efforts pour agir autrement que par le livre.

Confucius homme politique
Sa vie entière se passa à chercher entre les divers royaumes qui se partageaient la Chine celui où ses avis pourraient être suivis. Ces échecs successifs n’étaient pas sans l’attrister : « Suis-je donc comme une courge amère qui ne peut que pendre à sa tige et qui n’est pas mangeable ? ». Il ne parvint pas à transformer le monde politique ; cependant son influence fut énorme sur ses contemporains ; il ne cessa jamais d’être entouré d’auditeurs fidèles et nombreux.

Confucius enseignant
« Je n’invente rien, je ne fais que transmettre ». Il étudiait le caractère de ses disciples et, à une même question posée par deux d’entre eux, il faisait des réponses différentes parce que le même avis ne pouvait convenir à deux tempéraments divers.

Morale
Discipline des mœurs qui refrène les désirs égoïstes et les passions des sens. « L’homme qui agit toujours en vue de son intérêt est fort haïssable. L’homme supérieur comprend la justice ; l’homme vulgaire comprend son intérêt ». « Avec du riz grossier à manger, avec de l’eau à boire, avec mon bras plié pour oreiller, je puis encore être heureux dans de telles conditions ; mais les richesses et les honneurs qui viennent de l’injustice sont pour moi comme des nuages flottants ». « Voir ce qui est juste et ne pas le faire, c’est manquer de courage ». 

Ici et maintenant
 Confucius ne se préoccupe point de ce qui arrivera après la mort ; il refuse de s’expliquer sur les dieux ; sa philosophie s’adresse aux vivants et trouve dans la vie même sa raison d’être. « S’appliquer à la justice qui est due aux hommes, respecter les mânes, mais se tenir loin d’eux, c’est ce qu’on pourrait appeler la sagesse ». « Les sujets sur lesquels le maître ne parlait pas étaient les prodiges, les actes de violence, les rébellions et les dieux ». La morale confucéenne n’a d’autre base que la connaissance de la nature humaine.


Morale et société
L’homme est un être social et le bien en soi n’est autre que le bien social. L’individu est un membre de l’humanité ; il est solidaire de ses semblables et n’a pas le droit d’agir comme s’il était seul au monde. Confucius n’est pas un révolutionnaire ; la société qu’il veut améliorer est la société patriarcale. L’Etat est une famille infiniment agrandie. Entre le prince et le père, il y a une différence de degré, non de nature. Si le prince agit en prince, si le père agit en père et le fils en fils, le bon ordre ne peut manquer de régner. On pourrait assurer ce résultat par un code pénal inflexible et minutieux ; mais on n’obtiendrait ainsi que l’apparence de l’harmonie, et les hommes, maintenus par la crainte seule, ne seraient pas réellement vertueux. Le souverain bien étant le bien social, ceux qui gouverneront les autres seront ceux qui connaîtront quel est ce bien et comment la nature humaine peut y atteindre. La soumission est motivée par le respect ; le commandement se légitime par la connaissance.

Rites
Le respect devant varier suivant le degré de supériorité de la personne à laquelle il s’adresse, il est nécessaire de réglementer les formes par lesquelles il s’exprime. Telle est l’origine des rites chinois.

Musique
La hiérarchie sociale a des degrés qui sont marqués par les rites, mais un lien rassemble toutes ces parties, et c’est ce que symbolise la musique. Les rites divisent, la musique unit. La musique dont Confucius parle consistait en danses mimées avec accompagnement de chants et d’instrument de musique.

Peuple
L’homme tend à imiter ce qu’il admire. Aux yeux de Confucius, le peuple n’a pas besoin de comprendre : il n’a qu’à imiter. C’est aux classes dirigeantes, et plus particulièrement au souverain, qu’il appartient de donner le bon exemple. Cet exemple sera nécessairement suivi. Si le prince dirige le peuple par sa vertu et fait régner l’union par les rites, le peuple a honte de mal faire et il atteint au bien. Les rites, la musique et l’exemple suffisent à gouverner le peuple. C’est par l’habitude, l’émotion collective et l’imitation que Confucius entend diriger la foule des hommes.

Lettrés
Si la foule se laisse guider, il faut qu’une élite soit chargée de donner le bon exemple. Cette aristocratie se composera de ceux qui, par l’étude, auront accru leur connaissance de la nature humaine de manière à comprendre quelle est la place de l’homme dans la famille et dans l’Etat, et quel rôle lui est assigné. Il ne suffit pas de s’observer soi-même : à la psychologie il faut ajouter la science sociale. Une société se développe dans le temps, et sa forme actuelle ne s’explique que par sa vie passée ; la science sociale est donc inséparable de l’histoire. Le respect qu’on doit au père s’augmente encore lorsqu’il se reporte sur les ancêtres et plus on remonte le cours des âges, plus il semble qu’on se rapproche de la perfection. Confucius croyait trouver dans les plus vieux monuments de la littérature les leçons les plus hautes.


Souverain
A prendre le système de Confucius dans sa rigueur, il n’y a qu’une seule personne qui puisse posséder la science intégrale : c’est le souverain. Le souverain doit commencer par connaître exactement la nature humaine ; de cette connaissance dériveront successivement, et par un enchaînement nécessaire, la réformation de sa propre personne, puis celle de sa famille, enfin celle de son royaume.

Ciel, Terre, Homme
Ils forment une trinité mystique ; le Ciel couvre toute chose ; la Terre supporte toute chose ; l’Homme est placé entre le Ciel et la Terre et les unit. Si l’Homme agit mal, des cataclysmes se produiront dans le Ciel, des fléaux sur la Terre. Si l’Homme au contraire est vertueux, il donnera à l’action bienfaisante du Ciel et de la Terre un complément nécessaire et, grâce à lui, l’harmonie régnera. Un bon prince est donc comme la clef de voûte qui maintient la stabilité tout à la fois de l’édifice social et du monde physique.

Le diagramme du taiji de Zhou Dunyi


La représentation du Taiji "Faîte Suprême" a une longue histoire. Sous la dynastie Song, le philosophe néo-confiucianiste Zhou Dunyi (1017-1073) dessine un diagramme qui développe une explication cosmogonique reliant le Taiji aux 5 éléments. Il relie aussi métaphysique et éthique. 

En lisant le diagramme de haut en bas, il illustre une cosmogonie. 


Dans l'ouvrage de Catherine Despeux "Taiji quan, art martial, technique de longue vie", on trouve une traduction du commentaire du diagramme, qui débute ainsi : 
 
"Le Sans Faîte (Wuji) et Faîte Suprême (Taiji). Le Taiji se met en mouvement et produit le Yang. Quand le mouvement arrive à son apogée, le repos s'ensuit. Le repos étant arrivé à son apogée, il y a retour au mouvement. Repos et mouvement alternent, chacun étant la racine de l'autre. Il y a séparation du Yin et du Yang, et les deux principes sont établis.

Le Yang est transformé par réaction avec le Yin, et l'eau, le feu, le bois, le métal et la terre sont produits. Ces cinq souffles se propagent harmonieusement et les quatre saisons suivent leurs cours. Les cinq éléments constituent le Yin et le Yang, le Yin et le Yang forment le Taiji et le Taiji est identique au Wuji. Dès leur formation, les cinq éléments ont chacun leur nature spécifique. 

Le principe véritable du Sans Faîte, l'essence du Yin, du Yang et celle des cinq éléments s'unissent par des moyens merveilleux et se condensent. Le Dao du ciel accomplit l'homme, la voie de la terre accomplit la femme. Ces deux énergies s'échangent, se transforment et produisent les dix mille êtres. Les générations se suivent, les changements et les transformations sont infinies." 

En lisant le diagramme de bas en haut, il constitue une aide au travail d'alchimie interne : aller de la pluralité à l'unité.

Zhou Dunyi dessine sciemment d'autres cercles sans en donner la signification. Au-delà du monde apparent, décrit et descriptible, il existe "quelque chose encore".

Pour les néo-confucianistes, les 3 enseignements (Bouddhisme, Taoïsme, Confucianisme), ne font qu'un. Dans cet esprit, Zhou Dunyi relie 5 vertus confucéennes aux 5 éléments : amour ou humanisme (ren), justesse (yi), avoir des principes ou ritualisme (li), sagesse (zhi) et loyauté (xin).

Les Mouvements du Cœur

Les phrases suivantes sont tirées du beau livre de Claude Larre et Elizabeth Rochat de la Vallée "Les Mouvements du Cœur", aux éditions Desclée de Brouwer.


1.
La maîtrise de la vie, c’est l’art du cœur.
*
2.
XIN SHU : l’art du cœur
C’est cultiver en soi ce qui mène au vide du cœur, à la disponibilité totale et l’agir efficace, qui se confondent avec l’Agir non agissant des Saints.
*
Quand on s’adonne sérieusement à l’art du cœur, on rejette convoitises et désirs, attraits et aversions, l’allégresse et la colère, la délectation morose et l’amertume.[...] On ne connaît plus la réprobation et l’approbation, on s’élève, on s’éduque dans l’illumination mystique, jusqu’à ce que vie et mort se confondent.
*
3.
Le cœur est, dans l’individu, le fils du Ciel, l’image du Ciel, suggérant à l’homme de se conformer à la Terre, au Ciel, au Naturel.
*
Le cœur est le centre ; il occupe la place du souverain. Vase sacré, terre sainte de chacun, il accueille les Esprits venus du Ciel ; il contient et contrôle l’échange Ciel-Terre, qui nous fait hommes et nous maintient vivants.
*
La lumière des Esprits du Ciel permet au cœur d’être le lieu d’origine de toute réaction et de toute connaissance, d’en assurer la cohérence et la conduite.
*
Du cœur, les Esprits irradient jusque dans les moindres recoins de l’être [...]. Les Esprits guident la vie, lui donnent son orientation profonde, qui est de suivre sa nature et le naturel, et d’accomplir une destinée vitale particulière, un « mandat ».
*
4.
Les Esprits viennent du Ciel et ne consentent à demeurer dans l’homme que si son cœur est serein et vide, comme le Ciel lui-même.
*
XIN XU : le vide du cœur
Le cœur est vide quand il est capable de tout recevoir, accepter, considérer, parce qu’il n’est pas fixé, arrêté sur une idée, un être, un désir. Ne rien exclure de ce qui existe permet de ne pas s’émouvoir exagérément et de réagir juste.
*
Dans un cœur calme et vide, rien ne s’attache inconsidérément, rien n’occupe la place indûment et ne fait le siège du cœur, le bloquant, l’encombrant ; mais tout se présente et est reçu, pour être pesé et apprécié.
*
5.
Les Esprits se plaisent à demeurer quand ils se sentent accueillis.
*
L’entretien des Esprits, c’est aménager leur séjour dans un cœur paisible et vacant. [...] Nous retrouvons les règles de diététique, de conduites sexuelles, d’exercices physiques, pour renforcer les essences, soutien et accueil aux Esprits.
*
La présence des Esprits, c’est la vie ; leur départ, c’est la mort.
*

La Danse des Langues

L'année dernière, l'ami Stéphane Paravigna m'a demandé de lui écrire une histoire bien barrée... On s'est bien amusés à faire cet objet curieux !

Pour moi, ce récit muet représente les affres du samsara, les tourments de la faim perpétuelle...

L'Immortel au Pin Rouge


Son nom est Wong Tai Sin (cantonais), ou Huang Da Xian (mandarin).

Il faut signaler qu’en cantonais, les noms de famille Huang et Wang (mandarin) se prononcent pareillement Wong, mais s’écrivent différemment.

Xian, est un caractère composé des caractères « homme » et « montagne », autrement dit « l’homme sur la montagne » (l’ermite, l’être réalisé, le saint, le sage...). Da signifie grand. Da Xian est donc le « grand sage ». Huang est la couleur jaune, la couleur impériale. Huang Da Xian serait donc « le grand sage du clan Huang » « ou le grand sage impérial ». 

Comme le culte de Huang Da Xian s’est développé à partir de 1915, soit 4 ans après la fin de la dynastie Qing et l’établissement de la République de Chine, on peut y voir un culte impérial déguisé, ou même un culte du mythique empereur Huangdi.

Son surnom d’Immortel au Pin rouge, dû au nom de la colline sur laquelle il méditait, est évidemment lié à la notion de longévité. Le pin, toujours vert, est un symbole de longévité. Le rouge est la couleur associée au cinabre, à l’alchimie et la recherche de la pilule d’immortalité.



  

Pour en savoir beaucoup plus sur l'Immortel au Pin Rouge, un article par ici